Sélection du message

lundi 23 juin 2008

La bande-dessinée par ailleurs

La bande dessinée par ailleurs. Angoulême 2003 rendait hommage à nos chers disparus Schuiten, Sokal, Sampayo et… Reiser. Institutions. Tandis que les enfants de Bourgeon, Giraud ou Julliard, BD de cinéma, BD grand spectacle, longues séries, squattent les bacs, disputent le gras du libraire aux mangas, je régresse, à la recherche d’un goût, je me souviens : de mes premiers Tintin, et d’un petit cousin italien qui criait « Tinetine » en découvrant, enchanté, ma collection (incomplète). Il y avait, aussi, le vrai coutelas d’ivoire de mammouth de Rahan en plastique souple, gadget de la revue Pif le chien (je préférais Hercule), le journal de Tintin, le journal de Spirou, et même (je l’avoue) le journal de Mickey, dont mes petites voisines, les filles du berger, avaient une série inépuisable. C’étaient des plaisirs enfantins. La pauvre écrin de la bibliothèque du village avait quelques perles en dépôt, comme « Le singe » de Milo Mannara, qui m’ouvrirent d’autres horizons. Je plongeais, alors, avec délices dans les romans BD : Pratt, Tardi, Bilal, Forest, Boucq, les anti-héros de Jean-Claude Denis et de Benoit Sokal, les troublantes de Comès ou de Jean-Claude Servais. De Futuropolis, Casterman, des Humanos ou d’ailleurs.

Puis, désenchanté, puis.

Les pôles de la BD actuelle se trouvent aux marges. Les collections Aire Libre, chez Dupuis, Poisson Pilote, chez Dargaud, n’en sont que la face émergée. Le reste, à la suite de David B., Baudoin, Trondheim et l’aventure de l’Association, c’est une BD adulte qui s’assume, héritière des auteurs des années 70 (d’Amérique plus que de l’école franco-belge, plus RAW, Spiegelman, Crumb, Clowes, plus Jimmy Corrigan que Marcinelle ou Tournai), ni spectaculaire ni régressive, littéraire et créative, aux graphismes étonnants, noir et blanc, qui s’émancipe chez les éditeurs alternatifs Cornélius, Rackham, Les Requins Marteaux ou Ego comme X. C’est une famille, des ateliers, des échanges entre dessinateurs-scénaristes-éditeurs. Le champ couvert va du journal intime (Fabrice Neaud) à la parodie des comics (Cycloman de Berbérian), en passant par quelques titres cultes venus d’ailleurs : Les aventures de Lapinot, Persépolis, Isaac le Pirate, La guerre d'Alan.

D’ailleurs, un autre goût.

Aucun commentaire: