Edito
Ah, enfin une canicule ! Depuis le temps qu'on nous disait qu'on allait crever de chaud. Faut dire qu'on le mérite un peu : qu'est-ce que c'est que cet hiver froid, ce printemps sans nom. De quoi attaquer l'été ronchon comme un Sarkozy face à l'adwoerthsité ou louper sa préparation à la Coupe du Monde comme un dénommé Raymond. Rassurons-les : on dit que le ridicule ne tue pas. Voyez comme un été 2003 peut faire de vous un président de la Croix-Rouge. Ah, l'effet papillon, il aura beau battre des ailes ça vaudra jamais un bon coup d'éventail. Tant qu'à rire, rions noir ; et si le football ne vous fait plus rêver, que ça y est, promis, juré, je me mets aux mots croisés, il reste un monde où tout il est beau, tendre, cruel, plein de courageux cochons et de vaillants petits tailleurs, c'est le conte ; et si le conte c'est pour les petits et que vous êtes trop vieux pour croire aux histoires de souillons et de princes charmants mais encore assez jeunes pour croire en l'Amour, partez sur ses rives en Sibérie et révisez vos classiques.
Un vertige sans doute. Une chaise longue (à l'ombre de l'isba), un short drink (attention, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé®), un livre (choisissez-bien) et comme le disait un comparse en 2007 : allez lisez !
Rions noir (en attendant la reprise)
La grande vie, Jean-Pierre Martinet, Arbre Vengeur, 9€. En grande pompe. Rue Froidevaux : de ma fenêtre, je peux surveiller la tombe de papa. Le matin j'évite Madame C., la concierge, qui en veut à ma sexualité et je glisse jusqu'au magasin d'articles funéraires de Monsieur Rameau où je travaille. Après m'avoir lu, lavez-vous les mains soigneusement, la folie est contagieuse, paraît-il.
Le syndrome d'Ulysse, Santiago Gamboa, Points, 7,50€. Latino sexuel. Un jeune colombien débarque à Paris, au début des années 80, le coeur plein d'espoirs. Mais, toutes illusions perdues, il n'est, bientôt, plus qu'une âme errante, affolée par les lampadaires de la Cité Lumière. Jusqu'à sa rencontre avec Paula, une compatriote, qui va l'entrainer dans une série d'aventures tragi-comiques et surtout sexuelles.
Le nazi et le barbier, Edgar Hilsenrath, Attila, 23,50€. Nazi mais pas que. Imaginons que ce livre ne soit pas écrit par un juif allemand qui aurait survécu à un ghetto ukrainien pendant la seconde guerre mondiale et demandons-nous qu'elle serait la réaction de Claude Lanzman. Peut-on rire de tout ? Certains seront choqués. Tant mieux ! Voyons plutôt : un barbier allemand, râté, se convertit nazi, participe aux massacres d'un camp d'extermination, y tue son ami et sa famille juive, prend son identité avant de fuir un sac plein de dents en or pour s'installer, converti au sionisme, en Israël. Humour noir, très noir. Un grand livre.
Rappel. Deux petites perles d'humour noir à lire absolument. Un petit Boulot, Iain Levison, Liana Levi, 8€. L'ex-patron d'un chômeur lui propose un petit boulot... Tuer sa femme. La concession du téléphone, Andrea Camillieri, LGF, 5,50€. A fin du XIXème siècle, les conflits d'intérêts autour de l'installation d'une ligne téléphonique sèment la zizanie dans une bourgade sicilienne.
Football (en route vers la Coupe du Monde 2014)
Si vous ne vous intéressez pas au football, vous avez quand même ri au parcours de l'équipe de France qui n'est pas sans rappeler l'équipe gouvernementale. Verra-t-on, bientôt, le gouvernement se mettre en colère, refuser de descendre d'un Airbus et demander à François Fillon de venir lire une lettre de protestation parce que l'un des leurs a été forcé à s'en aller... Pour reprendre goût à la vie, voici deux livres sur le football autrement, d'ailleurs ou d'avant la Coupe du Monde 2010 et en route pour 2014 ou 2012 et comme le chante un ami évadé du président : on est tous ensemble.
La divine colère, Eugène Ébodé, Gallimard, 17,50€. Pour arriver à la grande finale du Pays des Crevettes au Cameroun, un jeune gardien doit jouer des pieds, des mains et du sexe, déjouer les fatalités, les sorciers et les pièges amoureux de la belle Chilane. Grandgousier au pays du ballon rond.
Les années Spoutnik, Baru, Casterman, 16€. La guerre des ballons. Dans une cité ouvrière des années 50, ceux d'en-haut et ceux d'en-bas ne font qu'à s'énerver et règlent leurs comptes au football. Les antagonismes religieux, politiques, les conflits entre immigrés se résolvent dans le creuset d'un terrain de foot improvisé. Loin du Clochemerle propagandiste à la Pergaud, une grande BD humaniste.
Mots croisés (Spoutnik du Figaro)
Mots croisés, 121 grandes grilles, Michel Laclos, Zulma, 19,95€. Horizontalement : Buonarroti n'était pas qu'un ange. Verticalement : Choderlos n'avait rien d'un ange.
Amour (histoires d')
Sylvia, Leonard Michaels, Bourgois, 17€. Tragédie New-Yorkaise. Au début des années 60, le récit et le journal d'une rencontre et d'un bref mariage entre deux étudiants embarqués dans la mouvance beatnik , le jazz et la drogue où l'on croise Kerouac et Miles Davis. À lire en écoutant du Free Jazz et en regard de Sur la route. Original et brillant dit William Styron : rien à ajouter.
La mise à nue des époux Ransome, Alan Bennett, Denoël, 12€. Auto-dérision britannique. Des bourgeois de la Perfide Albion ont une bien mauvaise surprise en rentrant de l'opéra après avoir assisté à une bien mauvaise représentation du Così fan Tutte : ils ont été cambriolés, du sol au plafond, de la moquette aux ornementations. Ils sautent sur l'occasion pour reconstruire leur vie. Opportunistes ? Non : anglais.
Sibérie (à l'ouest de l'Amour)
La mère de Dieu dans les neiges de sang, Érémeï Aïpine, Paulsen, 23€. Le passage des Rouges était sang. Sans scrupule, sans remord et sans honneur. Dans l'espoir de sauver ses enfants, la mère traverse les neiges, les campements dévastés. Elle perd ses petits l'un après l'autre... L'instauration du pouvoir soviétique dans les neiges lointaines de la Sibérie passait par la civilisation (lire l'écrasement du mode de vie et de la culture) des peuples autochtones: kantys, mansis, nénètses... Le roman reflète les évènements de l'hivers 1933-34, la répression du soulèvement du Kazym. Sur la neige, le sang...
Il était une fois la Sibérie, Nicolaï Maslov, Actes Sud BD, 20€. La Sibérie d'auparavant, la Sibérie insoumise. L'histoire de la prise de possession des territoires vastes, de la nature vierge et riche par les pionniers russes, les gouvernementaux et les Vieux-Croyants est mise en parrallèle avec la jeunesse sibérienne de l'auteur dans un pays froid et pauvre, entre alcool et petits trafics, mais heureuse. Par l'auteur d'Une jeunesse soviétique.
Ermites dans la Taïga, Vassili Peskov, Babel, 8,50€. Matrix. En 1982, en pleine guerre d'Afghanistan, les soviétiques stupéfiés apprenaient la découverte d'une famille de Vieux-Croyants coupée de la civilisation depuis 1938. Ainsi au sein même de la dictature communiste des gens avaient pu vivre hors du système et échapper au totalitarisme, aux appartements communautaires, aux comissaires de quartiers, aux purges, à la guerre patriotique et aux défilés du 1er mai. Par ailleurs, par ici d'ailleurs, on louera l'universalisme de cette survie héroïque parmi la nature hostile mais auto-suffisante.
Classiques (en été, révisez vos)
Deux éditions totalement révisées de classiques ont créé l'évènement ce printemps.
Sur la route, Jack Kerouac, Gallimard, 24€. V.O. Enfin, en français, le fameux rouleau original aux mille légendes passées en revue dans la longue introduction. Ici, donc, la version première d'un seul ruban, d'un seul paragraphe des aventures de Neal, Allen et Jack, chefs de file de la Beat Generation. Hippie, hippie, hourah !
Nouvelles complètes, Vladimir Nabokov, Gallimard, 25€. Intelligenstia russe. Issu de la classe sociale supérieure enseignante et proche du pouvoir, le petit Nabokov voyage beaucoup, maîtrise de nombreuses langues et fuit les bolcheviks pour s'installer, en famille, à Londres. Il meurt américain. Entre-temps il écrit des romans et des nouvelles. Ces dernières, une en français, les autres en anglais et en russe, ont entièrement été revues, de façon admirable, par Bernard Kreise. Notre préférée : Le mot, inédite, d'une poésie sublime. Le reste n'est que plaisir.
Le Conte
Le premier numéro de la revue bibliographique des librairies initiales est consacré au conte. Au sommaire, des entretiens avec des auteurs et des illustrateurs et un excellent choix de contes classiques et de contes détournés, d'ailleurs et d'aujourd'hui. Gratuit.
Ah, enfin une canicule ! Depuis le temps qu'on nous disait qu'on allait crever de chaud. Faut dire qu'on le mérite un peu : qu'est-ce que c'est que cet hiver froid, ce printemps sans nom. De quoi attaquer l'été ronchon comme un Sarkozy face à l'adwoerthsité ou louper sa préparation à la Coupe du Monde comme un dénommé Raymond. Rassurons-les : on dit que le ridicule ne tue pas. Voyez comme un été 2003 peut faire de vous un président de la Croix-Rouge. Ah, l'effet papillon, il aura beau battre des ailes ça vaudra jamais un bon coup d'éventail. Tant qu'à rire, rions noir ; et si le football ne vous fait plus rêver, que ça y est, promis, juré, je me mets aux mots croisés, il reste un monde où tout il est beau, tendre, cruel, plein de courageux cochons et de vaillants petits tailleurs, c'est le conte ; et si le conte c'est pour les petits et que vous êtes trop vieux pour croire aux histoires de souillons et de princes charmants mais encore assez jeunes pour croire en l'Amour, partez sur ses rives en Sibérie et révisez vos classiques.
Un vertige sans doute. Une chaise longue (à l'ombre de l'isba), un short drink (attention, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé®), un livre (choisissez-bien) et comme le disait un comparse en 2007 : allez lisez !
Rions noir (en attendant la reprise)
La grande vie, Jean-Pierre Martinet, Arbre Vengeur, 9€. En grande pompe. Rue Froidevaux : de ma fenêtre, je peux surveiller la tombe de papa. Le matin j'évite Madame C., la concierge, qui en veut à ma sexualité et je glisse jusqu'au magasin d'articles funéraires de Monsieur Rameau où je travaille. Après m'avoir lu, lavez-vous les mains soigneusement, la folie est contagieuse, paraît-il.
Le syndrome d'Ulysse, Santiago Gamboa, Points, 7,50€. Latino sexuel. Un jeune colombien débarque à Paris, au début des années 80, le coeur plein d'espoirs. Mais, toutes illusions perdues, il n'est, bientôt, plus qu'une âme errante, affolée par les lampadaires de la Cité Lumière. Jusqu'à sa rencontre avec Paula, une compatriote, qui va l'entrainer dans une série d'aventures tragi-comiques et surtout sexuelles.
Le nazi et le barbier, Edgar Hilsenrath, Attila, 23,50€. Nazi mais pas que. Imaginons que ce livre ne soit pas écrit par un juif allemand qui aurait survécu à un ghetto ukrainien pendant la seconde guerre mondiale et demandons-nous qu'elle serait la réaction de Claude Lanzman. Peut-on rire de tout ? Certains seront choqués. Tant mieux ! Voyons plutôt : un barbier allemand, râté, se convertit nazi, participe aux massacres d'un camp d'extermination, y tue son ami et sa famille juive, prend son identité avant de fuir un sac plein de dents en or pour s'installer, converti au sionisme, en Israël. Humour noir, très noir. Un grand livre.
Rappel. Deux petites perles d'humour noir à lire absolument. Un petit Boulot, Iain Levison, Liana Levi, 8€. L'ex-patron d'un chômeur lui propose un petit boulot... Tuer sa femme. La concession du téléphone, Andrea Camillieri, LGF, 5,50€. A fin du XIXème siècle, les conflits d'intérêts autour de l'installation d'une ligne téléphonique sèment la zizanie dans une bourgade sicilienne.
Football (en route vers la Coupe du Monde 2014)
Si vous ne vous intéressez pas au football, vous avez quand même ri au parcours de l'équipe de France qui n'est pas sans rappeler l'équipe gouvernementale. Verra-t-on, bientôt, le gouvernement se mettre en colère, refuser de descendre d'un Airbus et demander à François Fillon de venir lire une lettre de protestation parce que l'un des leurs a été forcé à s'en aller... Pour reprendre goût à la vie, voici deux livres sur le football autrement, d'ailleurs ou d'avant la Coupe du Monde 2010 et en route pour 2014 ou 2012 et comme le chante un ami évadé du président : on est tous ensemble.
La divine colère, Eugène Ébodé, Gallimard, 17,50€. Pour arriver à la grande finale du Pays des Crevettes au Cameroun, un jeune gardien doit jouer des pieds, des mains et du sexe, déjouer les fatalités, les sorciers et les pièges amoureux de la belle Chilane. Grandgousier au pays du ballon rond.
Les années Spoutnik, Baru, Casterman, 16€. La guerre des ballons. Dans une cité ouvrière des années 50, ceux d'en-haut et ceux d'en-bas ne font qu'à s'énerver et règlent leurs comptes au football. Les antagonismes religieux, politiques, les conflits entre immigrés se résolvent dans le creuset d'un terrain de foot improvisé. Loin du Clochemerle propagandiste à la Pergaud, une grande BD humaniste.
Mots croisés (Spoutnik du Figaro)
Mots croisés, 121 grandes grilles, Michel Laclos, Zulma, 19,95€. Horizontalement : Buonarroti n'était pas qu'un ange. Verticalement : Choderlos n'avait rien d'un ange.
Amour (histoires d')
Sylvia, Leonard Michaels, Bourgois, 17€. Tragédie New-Yorkaise. Au début des années 60, le récit et le journal d'une rencontre et d'un bref mariage entre deux étudiants embarqués dans la mouvance beatnik , le jazz et la drogue où l'on croise Kerouac et Miles Davis. À lire en écoutant du Free Jazz et en regard de Sur la route. Original et brillant dit William Styron : rien à ajouter.
La mise à nue des époux Ransome, Alan Bennett, Denoël, 12€. Auto-dérision britannique. Des bourgeois de la Perfide Albion ont une bien mauvaise surprise en rentrant de l'opéra après avoir assisté à une bien mauvaise représentation du Così fan Tutte : ils ont été cambriolés, du sol au plafond, de la moquette aux ornementations. Ils sautent sur l'occasion pour reconstruire leur vie. Opportunistes ? Non : anglais.
Sibérie (à l'ouest de l'Amour)
La mère de Dieu dans les neiges de sang, Érémeï Aïpine, Paulsen, 23€. Le passage des Rouges était sang. Sans scrupule, sans remord et sans honneur. Dans l'espoir de sauver ses enfants, la mère traverse les neiges, les campements dévastés. Elle perd ses petits l'un après l'autre... L'instauration du pouvoir soviétique dans les neiges lointaines de la Sibérie passait par la civilisation (lire l'écrasement du mode de vie et de la culture) des peuples autochtones: kantys, mansis, nénètses... Le roman reflète les évènements de l'hivers 1933-34, la répression du soulèvement du Kazym. Sur la neige, le sang...
Il était une fois la Sibérie, Nicolaï Maslov, Actes Sud BD, 20€. La Sibérie d'auparavant, la Sibérie insoumise. L'histoire de la prise de possession des territoires vastes, de la nature vierge et riche par les pionniers russes, les gouvernementaux et les Vieux-Croyants est mise en parrallèle avec la jeunesse sibérienne de l'auteur dans un pays froid et pauvre, entre alcool et petits trafics, mais heureuse. Par l'auteur d'Une jeunesse soviétique.
Ermites dans la Taïga, Vassili Peskov, Babel, 8,50€. Matrix. En 1982, en pleine guerre d'Afghanistan, les soviétiques stupéfiés apprenaient la découverte d'une famille de Vieux-Croyants coupée de la civilisation depuis 1938. Ainsi au sein même de la dictature communiste des gens avaient pu vivre hors du système et échapper au totalitarisme, aux appartements communautaires, aux comissaires de quartiers, aux purges, à la guerre patriotique et aux défilés du 1er mai. Par ailleurs, par ici d'ailleurs, on louera l'universalisme de cette survie héroïque parmi la nature hostile mais auto-suffisante.
Classiques (en été, révisez vos)
Deux éditions totalement révisées de classiques ont créé l'évènement ce printemps.
Sur la route, Jack Kerouac, Gallimard, 24€. V.O. Enfin, en français, le fameux rouleau original aux mille légendes passées en revue dans la longue introduction. Ici, donc, la version première d'un seul ruban, d'un seul paragraphe des aventures de Neal, Allen et Jack, chefs de file de la Beat Generation. Hippie, hippie, hourah !
Nouvelles complètes, Vladimir Nabokov, Gallimard, 25€. Intelligenstia russe. Issu de la classe sociale supérieure enseignante et proche du pouvoir, le petit Nabokov voyage beaucoup, maîtrise de nombreuses langues et fuit les bolcheviks pour s'installer, en famille, à Londres. Il meurt américain. Entre-temps il écrit des romans et des nouvelles. Ces dernières, une en français, les autres en anglais et en russe, ont entièrement été revues, de façon admirable, par Bernard Kreise. Notre préférée : Le mot, inédite, d'une poésie sublime. Le reste n'est que plaisir.
Le Conte
Le premier numéro de la revue bibliographique des librairies initiales est consacré au conte. Au sommaire, des entretiens avec des auteurs et des illustrateurs et un excellent choix de contes classiques et de contes détournés, d'ailleurs et d'aujourd'hui. Gratuit.
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