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vendredi 17 mai 2013

Capharnaüm 4 est paru.

En 1955, Nestor Burma revenu de tout et même plus, revient, au court d'une filature dans le 6ème arrondissement, rue Lobineau. Il passe devant les éditions du Scolopendre. Le scolopendre est une charmante espèce de mille pattes vorace dont la morsure est très douloureuse et que le capitaine Haddock a entré à son répertoire d'injures. Léo Malet ne rendait pourtant pas hommage au dessinateur rexiste repenti, loin s'en faut, mais à la maison d'édition du Scorpion créée au sortir de la guerre par Jean D'Halluin. Il publia sous les fameuses couvertures noire et rouge, les deux premiers volumes de la trilogie noire La vie est dégueulasse et Le soleil n'est pas pour nous. Fameuses, oui ! C'est sous ses deux couleurs que parut, en 1947, le premier livre d'un certain Vernon Sullivan traduit de l'américain par un trompettiste de jazz qui roulait au polar Boris Vian, J'irai cracher sur vos tombes. Chacun sait que ceci n'était qu'un pastiche, un canular au départ et que Vernon cachait son Boris. Cette affaire-là valu un tirage de 120000 exemplaires et un des plus célèbres procès de la littérature à son auteur et son éditeur.

Les éditions Fénitude, admirée par nous, ont la bonne idée de nous raconter tout ça dans leur quatrième livraison de la revue Capharnaüm en trois parties d'égal intérêt. La première est une biographie expéditive de Jean D'Halluin, sa gloire et sa déchéance éditoriale et physique. La seconde, la plus passionnante, repose sur le fonds de la correspondance de Raymond Guérin dont les éditions Finitude ont déjà publié la partie consacrée à Henri Calet et des extraits de celle échangée avec Malaparte. Cette correspondance, courte dans le temps s'achève brutalement au moment de la rupture du contrat qui lie les deux parties début 1951. C'est le moment où les éditions du Scorpion basculent dans la médiocrité en raison de la mauvaise gestion de Jean D'Halluin, ce qui entraine le départ des auteurs comme Vian, Queneau, Hyvernaud. Au fil des lettres, l'admiration, l'amitié cède le pas aux désaccords commerciaux tandis que Jean d'Halluin s'enfonce dans les prétextes et les excuses de plus en plus scabreux. La troisième partie nous présente le catalogue des publications de cette époque en belles couleurs rouge comme le sang et noire comme le scorpion.

Pour rendre hommage à cette sortie et à cet éditeur nous proposons les éditions actuelles des livres de Vernon Sullivan / Boris Vian, La trilogie noire de Léo Malet, les oeuvres complètes de Sally Mara / Raymond Queneau, La peau et les os de Hyvernaud. Espérons que Finitude ou Le Dilettante réédite un jour La main passe de Raymond Guérin, titre épuisé à ce jour.

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