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mercredi 7 août 2013

Jason Murphy de Paul Fournel


Vicente est un contributeur de Wikipedia. Les «Vicente Sources d'intérêt» sont : religions monothéistes, littérature à contrainte (Oulipo), sciences dures, linguistique. La dernière de ses nombreuses contributions depuis 2006 datait du 29 avril 2012 et concernait Pierre Culliford dit Peyo, l'auteur des Schtroumpfs. Oulipien ou pataphysicien, il ne s'est pas moins désocculté près d'un an après en créant une nouvelle page le 23 avril 2013 à 21:02. La nouvelle page concerne un poète américain appartenant à la Beat Generation, proche d’Allen Ginsberg et, surtout, de Lawrence Ferlinghetti : Jason Murphy. Quelques modifications mineures concernant la biographie et les notes et références sont effectués jusqu'à 21:10. Dans l'intervalle, à 21:05, Vicente a ajouté un hyperlien à la notice française de Ferlinghetti. Ce soir là, Jason Murphy est né à la postérité numérique. Une Anecdocte (Le Grand Robert distingue : 1 : particularité historique, petit fait curieux dont le récit peut éclairer le dessous des choses ; 2 : récit d'un petit fait curieux ; 3 : dans un tableau, scène accessoire qui ne constitue pas le sujet principal) relève notre attention en conclusion de l'article : un roman de l’écrivain oulipien Paul Fournel emprunte le nom de Jason Murphy pour son titre (Paris, POL, 2013) et revient sur l’affaire du rouleau.

Deux mois plus tard, le lundi 24 juin, l'écrivain oulipien, et aussi régent occupant pataphysiquement la chaire de Vélocipédie théorique & pratique du collège de 'Pataphysique, surgissant à grande vitesse dans une cour du musée Granet d'Aix, à peine descendu de son TGV, modifié retard SNCF, venait présenter ledit roman Jason Murphy à une quarantaine de libraires, estampillés Sud de la France, rangés façon rame de train le long du mur dudit musée Granet. Ceci dit, il en dit peu (le retard SNCF non escompté rendant le temps compté), peu de Murphy, peu d'extraits, pendant que Marie Darrieussecq déglutissait derrière lui quelques biscuits de soirée Delacre qu'elle faisait passer avec le mauvais café fourni à pleines carafes par le redit musée Granet.

Une fois que Marie Darrieussecq eut digéré et que intervenants et libraires eurent arpenté l'exposition Le grand atelier du Midi du reredit musée Granet comme des hussards un 2 décembre sur le plateau de Pratzen, tout ce beau monde mis en appétit par la discrète mastication de l'auteure de Truismes allèrent caler leurs fessiers plus ou moins étroits dans les malcommodes chaises de jardin à la cantine improvisée pour les éditions P.O.L dans un salon du premier étage de la brasserie Les deux G. sur le cours Mirabeau. Justement, nous voici face à face, Paul Fournel et moi. Je l'interpellai sur sa citation du Ventoux au milieu de ce roman Beat générationnel moi qui vient de grimper le Faron. Il me répondit Laure, Pétrarque et poésie, vu que le roman traitait de poésie, de poète et donc de Laure et de Pétrarque. Je lui rétorquai Anquetil tout seul, il pirouetta disant à l'adresse de son ami ancien représentant, assis à mes côtés, que ça lui avait valu la une du Monde et les meilleures critiques qu'il n'ait jamais eues : à la limite du commercial, donc. P.O.L omet d'inscrire à la bibliographie du Jason Murphy ce dernier livre, c'est dire. Au cours du repas, Paul Fournel ne revint à la vélocipédie qu'à travers le récit d'un petit fait curieux (voir Anecdote) se rapportant à la figure d'André Dupont dit Aguigui Mouna qui parcourait Cannes et Paris en philosophant, la barbe fleurie, sur son vélo. Aguigui Mouna disait justement à ce propos : «Le jour où un vélo écrasera une auto, il y aura vraiment du nouveau.»

C'est un roman d'espionnage. Jason Murphy aurait écrit un rouleau (scroll) comme Kerouac mais avant Kerouac. Une bombe. Et Marc Chantier dit le joli professeur détiendrait ce rouleau précurseur. L'édition se met en branle, plus ou moins volontairement selon l'âge de ses éditeurs et justement envoie une pute tirer le marc de son jus afin d'y voir plus clair. Du même temps, celui-ci, un brin taquin, s'avise d'accepter la direction d'un diplôme de fin d'études sur le poète beatnik. Avant que l'étudiante, Madeleine, commence sa recherche, il lui demande de pas oublier que Jason Murphy n'est pas un bon écrivain, ce qui n'est pas d'une audace démesurée. L'histoire, à défaut de finir en eau de boudin; s'achève, comme il se doit, dans celle des égouts de San Francisco.

Pour compléter la lecture de ce livre, je recommande la lecture de la traduction (introuvable) que Marcel Duhamel a faite aux éditions du Scorpion en 1954 de Sailing Shoes, les semelles de vent, de Jason Murphy. Justement, je vous rappelle la parution dernièrement aux éditions Finitude du n° 4 de la revue Capharnaüm consacrée à l'histoire véridique et lamentable des éditions du Scorpion et de son éditeur Jean D'Haluin. Également, je recommande la lecture de l'article Jason qui rit sur Jason Murphy de Jean-Pierre Énard, paru dans les Nouvelles littéraires à Paris en 1982. Est-ce grâce à Jean-Pierre Énard que Paul Fournel découvrit Jason Murphy et eut vent de l'histoire du Scroll ? C'est bien possible puisque Paul Fournel édita pour le compte des éditions Ramsay, en 1987, le recueil érotique de Jean-Pierre Énard, Contes à faire rougir les petits chaperons, alors qu'il était le directeur de la Bibliothèque rose chez Hachette. Ce dernier livre n'est pas introuvable mais indisponible chez l'éditeur Finitude (c'est pas pareil, ah non ! c'est pas pareil) qui l'avait édité en 2010.

Le 24 juin 2013, au soir, on apprenait que L. Jalabert était dopé pendant le Tour de France 1998. Le 14 juillet 2013 en plein cagnard avant la sortie de l'étouffante forêt domaniale de Bédoin, à quelques centaines de mètres du Chalet Reynard, un mutant doté de la raideur gracieuse d'une mante religieuse, nommé C. Froome, gesticula tant sur son vélocipède qu'il fit fondre le bitume jusqu'à faire dévisser ses poursuivants et déraper en plein direct live les commentateurs de France Télévisions. Saisi par la beauté surnaturelle de sa victoire au sommet du Ventoux, C. Froome se pâma en ces nuées d'azur comme une précieuse à l'écoute d'un Trissotin. Quelques jours plus tard l'Equipe, l'organe central d'ASO, la société organisatrice du Tour de France, se fendit d'un article aussi fumeux que les pensées à l'arrivée du vainqueur du mont de Pétrarque pour justifier les étonnantes performances de son champion. Le 24 juillet 2013 quelques noms furent ajoutés à la liste des dopés de 1998 par le Sénat.

Y-a-t-il vraiment du nouveau ? Pas que je sache, les coureurs cyclistes n'ont toujours pas écrasé de voitures.



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