Ni mémoire d’enfance,
ni manuel pédagogique, le beau récit d’Agnès DESARTHE « Comment
j’ai appris à lire », pourrait
plutôt faire partie des écrits de résistance… Touchante
histoire, non pas au sens de l’émotion qu’elle soulèverait mais
au sens où elle nous percute : ne serions-nous pas de ces
lecteurs qui nous laissons envahir par nos lectures, consommateurs de
livres comme d’autres produits qu’on saurait, à grands coups de
prix littéraires (ou de convenances sociales), nous faire acheter et
lire ?
C’est au contraire, sa peur d’être envahie par quelque chose d’extérieur à soi, un texte perçu comme une menace, une intrusion insupportable (fut-ce un grand texte comme Flaubert ou Proust !) qui, pendant plus de dix ans, dissuade Agnès Desarthe de lire quoi que ce soit, alors qu’elle écrit depuis l’âge de sept/huit ans. Et de nous narrer avec humour les acrobaties auxquelles ce rejet instinctif la contraint, non seulement au lycée mais jusque dans les classes préparatoires à Normal’Sup… pour enfin nous faire découvrir avec elle, en fouillant dans son histoire familiale, la clé de cet étrange malaise… qu’on ne dévoilera pas ici !
C’est au contraire, sa peur d’être envahie par quelque chose d’extérieur à soi, un texte perçu comme une menace, une intrusion insupportable (fut-ce un grand texte comme Flaubert ou Proust !) qui, pendant plus de dix ans, dissuade Agnès Desarthe de lire quoi que ce soit, alors qu’elle écrit depuis l’âge de sept/huit ans. Et de nous narrer avec humour les acrobaties auxquelles ce rejet instinctif la contraint, non seulement au lycée mais jusque dans les classes préparatoires à Normal’Sup… pour enfin nous faire découvrir avec elle, en fouillant dans son histoire familiale, la clé de cet étrange malaise… qu’on ne dévoilera pas ici !
Les rencontres avec
plusieurs femmes (toutes des Mmes B...) vont finalement avoir raison
de ce qui l’aurait finalement aussi privée d’écriture. Et puis
un renversement s’opère, lorsque Agnès Desarthe se lance dans la
traduction. On a là quelques pages aussi fines que superbes sur ce
métier, intitulées « quand traduire, c’est dé-lire »,
où, en place de l’invasion intrusive d’un texte, a fortiori dans
une langue étrangère, surgit la possibilité d’une collaboration
intime entre auteure et traductrice, allant jusqu’à des
modifications textuelles pour respecter l’esprit et le génie de la
langue « à faire passer au tamis ». Mais alors se lève
en miroir, l’autre question : pourquoi écrit-on ?
L’amorce de réponse dans le dernier chapitre, laisse espérer
qu’Agnès Desarthe nous régalera un jour d’un autre récit sur
le sujet…
François Longchamp
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