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vendredi 29 novembre 2013

Mauvais Genre


Paul Grappe et Louise Landy se sont aimés dans la Paris ouvrier de la Belle époque. Semblables à bien d’autres Parisiens, ils étaient issus de familles populaires, fraîchement immigrés de la capitale.
Ça commence comme ça, comme le livre de Danièle Voldman et Fabrice Virgili, la Garçonne et l’assassin. Une histoire sans histoire si la Grande guerre n’était pas passée par là. L’histoire de Paul et Louise exhumée des archives judiciaires c’est un parcours de vie, un fait divers à succès, un scénario idéal avec en guise de décor la France des années Folles. Pour certains ces années sont vivantes et flamboyantes, pour d’autres la décadence contamine l’ordre social, la famille, la France. Joséphine Baker et Rudolf Valentino prennent la pose, les garçonnes sautent en parachute, l’homosexualité et la bonne humeur sont à la mode, avec leurs cheveux et leurs jupes raccourcis des femmes sourient aux photographes, tout comme les hommes qui ont abandonné leurs barbes à la décennie précédente.
Le Paris des années folles c’est celui de Paul et Louise, l’arrière-plan d’une histoire d’amour qui finit mal.

C'est ainsi que commence la drôle d'aventure qui fait d'un livre d'historiens, un document radiophonique dans l'émission historique emblématique de France-Culture, La fabrique de l'histoire, et puis, l'histoire ne tombant pas dans l'oreille d'une sourde, une excellente, mais vraiment excellente, bande-dessinée : Mauvais genre. Après Du côté de chez Swann, la fin d'année est riche en romans graphiques de qualité. Mauvais genre s'engage sur les chemins troubles qu'arpente le récent Prix Goncourt, les traumatismes de la guerre et leurs conséquences plus ou moins déviantes. Au cynisme bouffon du livre de Lemaître, Chloé Cruchaudet préfère la chronique de mœurs. Une chronique d'une écriture extrêmement maîtrisée, sans jugement moral. Une grande BD ADULTE.

Chloé Cruchaudet, Mauvais Genre, Delcourt, 160 p. , 18,95 €.
F. Virgili et D. Voldman, La garçonne et l'assassin, Payot, 8,65 €.

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